UNE TITRISATION TROP POLIE POUR ÊTRE HONNÊTE, par François Leclerc

Billet invité.

Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission chargé de la Stabilité financière, des Services financiers et de l’Union des marchés de capitaux l’a promis, la relance de la titrisation longuement étudiée par la Commission, et qui doit encore être approuvée, s’inscrira dans un cadre réglementaire « simple, transparent et standardisé », après assouplissement de la régulation des produits dérivés adoptée en 2012 au titre de la réglementation EMIR.

Soulageant les bilans, cette relance « libérera les prêts bancaires, de sorte que davantage de crédits viendront soutenir le financement de nos entreprises et des ménages ». Faisant d’une pierre deux coups, les actifs ainsi crées « fourniront également de nouvelles possibilités d’investissement aux opérateurs institutionnels tels que les fonds de pension et les compagnies d’assurance ». L’affaire est d’importance, la Commission ayant calculé que « jusqu’à 150 milliards d’euros de financements supplémentaires pourraient bénéficier à l’économie réelle » ! Les bienfaits pour l’industrie financière ne sont quant à eux pas chiffrés. Il est cependant mentionné que « ces réformes simplifient les règles applicables aux dérivés de gré à gré et les rendent plus proportionnées, afin de réduire les coûts et les charges réglementaires pesant sur les participants du marché, sans pour autant compromettre la stabilité financière ». Cette dernière préoccupation ne cesse de revenir dans le discours, afin de convaincre, car les Collateralized Loan Obligations (CLO) dont il est question n’ont pas laissé que des bons souvenirs.

Tout cela vient à point nommé, car les banques cherchent à se délester de leurs prêts aux PME – un marché qui pâtit particulièrement de la situation économique – et des fonds d’investissement comme Blackstone, très actif en Europe, sont à la recherche des forts rendements auxquels ils peuvent prétendre. Une fois obtenue des banques une ligne de crédit, ils achètent leurs prêts titrisés pour les revendre et pénètrent en direct sur le marché délaissé du crédit aux PME. L’arrivée des agences de notation est annoncée pour l’année prochaine afin de rassurer les investisseurs finaux, selon un scénario éprouvé.

Encore un jeu gagnant-gagnant dans ce monde financier où l’on parle rarement des perdants.